La Kabylestine

par Achour Wamara



Le fil est ténu entre Gaza et Azazga. J'use ici volontiers d'allitérations car toute terre réclame son poème.
Ce fil fraternel est fait de mémoire commune des ratissages où les populations civiles sont confrontées à l'impunité des soldats sans foi ni loi.
L'expérience de la colonisation de l'Algérie, avec son cortège de drames, devrait naturellement nous rapprocher des Palestiniens aux prises chaque jour avec les forces d'occupation israéliennes qui nous rappellent douloureusement les descentes des légionnaires Bérets Verts fonçant sur nos villages qu'ils mettaient à feu et à sang.
Les Kabyles, qu'ils soient algérianistes, autonomistes ou indépendantistes, s'honoreraient donc d'être à l'écoute des souffrances du monde, à commencer par celles des Palestiniens.
C'est faire preuve d'un raisonnement étriqué que d'assimiler la cause palestinienne au pouvoir algérien au motif que celui-ci la défend au nom de l'identité arabe pendant qu'il emprisonne des berbères et relègue au second plan la culture amazighe.
Cela reviendrait à souscrire sottement à la fallacieuse déduction qui veut que « l'ami de mon ennemi est mon ennemi ».
Or la cause palestinienne dépasse toute référence à quelque ethnie que ce soit.
La guerre israélo-palestinienne (et non israélo-arabe comme on voudrait le faire croire), résume toutes les guerres disproportionnées : Nord/Sud, Occident/Orient, Forts/Faibles, etc...
Elle nous met précisément au défi de conjuguer nos revendications, quelles qu'elles soient, à des principes intangibles et étanches à toute contingence, et non soumis aux effets de manches de tel ou tel pouvoir.
On serait, sur ce point, bien inspiré d'écouter une certaine gauche israélienne, quoique minoritaire, qui nous dépasse de loin quant à sa critique sans concession de la colonisation conduite par son gouvernement.
Et si nous jumelions Kabylia avec Qalqilya ?


Achour Wamara, le 22 avril 2016