par A. Wamara
2 février 2023
Depuis De La Boétie, « la servitude volontaire » ne cesse d’être citée pour déplorer le consentement complice de la domination par les dominés.
Que dire de la servitude adorative ? Est-ce un pendant de la servitude volontaire quand un croyant se soumet à Dieu et l’adore.
Dieu n’est pas à proprement parler dans un rapport d’exploitation avec le croyant. Dieu n’a pas de capital à fructifier.
Ses prêcheurs sans doute. Pas lui. En revanche,
ses exigences sont contraignantes et relèvent à coup sûr de la domination. On doit prier pour lui, faire ceci et cela pour prétendre à une vie de dolce vita dans l’au-delà, peut-être même s’asseoir à ses côtés et banqueter ensemble. Et surtout, on doit l’aimer. Il faut avouer qu’il est un brin narcissique. Les Soufis disent que Dieu aime la beauté, et comme Dieu est beau, donc il s’aime. Cqfd.
Notons que ces exigences diffèrent selon le Dieu de chaque religion, mais le but reste le même :
servir Dieu dans la joie sans lui demander les raisons de quoi que ce soit. Et puis quoi encore ?
Monter peut-être un syndicat pendant qu'on y est. Non. Pour un croyant, c'est se soumettre sans possibilité de se démettre.
Les croyants ont raison de penser que leur petite raison est infinitésimale devant celle de Dieu, incommensurable.
Puisqu’on a plus de chance de devenir chrétien quand on naît à Rome qu’à Médine ou dans un Kibboutz, la servitude adorative s’apparenterait à une servitude non volontaire,
car culturellement contrainte, quand bien même se vivrait-elle dans un enthousiasme extatique.
Descendons de Dieu à l’homme pour pointer la servitude adorative ayant pour objet un être humain, par exemple la servitude adorative pour une star déifiée.
Permettez-moi dans ce cas de convoquer Sigmund. Ou la servitude adorative pour Abdelmadjid Macron. Là, je dépêche un débêtiseur.