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par A. Wamara
17 octobre 2023
Je ne plaisante pas. Déjà que c'est inadmissible de rater son train, rater sa vie ça mérite d'y mettre fin, je n'y recours pas par lâcheté et par crainte de me rater, ça serait un comble si je ratais ma mort après avoir raté ma vie. Je n'ai pas raté ma vie parce que je n'ai pas fait deux fois l'Everest, non, pas tant que ça, je n'ai pas raté ma vie parce que, comme dirait l'autre, je n'ai pas possédé de montre Rolex à l'âge de 50 ans, non plus, peu d'avoir me suffit.
J'ai raté ma vie parce que je ne sais pas ce que j'ai réussi, si tant est qu'on sache ce qu'est réussir sa vie. Il s'en trouve qui se vantent de ceci, de cela, comme des réussites que d'autres qualifieraient de futilités. On peut toujours s'inventer un petit exploit pour le mettre au crédit de ses réussites, encore faut-il qu'il soit reconnu par la Vox populi qui, si on y est sensible, flatterait votre ego. J'en ai cherché à mettre en vitrine. Pas l'ombre d'un fait digne d'être raconté à mon chat. Nada nada.
Peut-être que les seul-e-s ayant vraiment réussi leur vie ce sont celles et ceux qui l'ont donnée pour autrui. Moi, je l'ai encore. En peine.
Oui, j'ai raté ma vie. À vie.