Rêve d'ancestralité à-venir.

par A. Wamara


Mort. Depuis longtemps. C’est ce que j’aurais voulu être. Pas que je veuille mourir là, maintenant, non, trop tragique. Et puis, je ne suis pas du genre à me jeter sur une épée. Non. Je me pense plutôt mort depuis belle lurette, et mes descendants auront déjà fait et fini leur deuil, m’auront oublié si ce n’est peut-être une visite au cimetière à chaque passage de comète pour y déposer des fleurs, papoter un brin derrière ma stèle sur le temps qu’il fait, et finir sur un goûter en fin de journée. Je ne reviendrais à leurs souvenirs qu’au détour d’une fête autour d’un album qu’on feuilletterait sans pathos, où j’apparaîtrais en culotte courte. Le temps passé après ma mort se serait peu à peu estompé jusqu’à s’évanouir et déserter totalement les esprits des vivants, ou qu’il se serait déjà effacé comme le temps sans consistance d’avant ma naissance.
L’expression convenue « repose en paix » n’aura aucun intérêt puisqu’elle aura perdu toute sa pertinence à mon sujet.
C'est ça le paradis, reprendre son inexistence en rejoignant le temps d'avant naissance, y compris dans la conscience des vivants.
Une sorte d'ancestralité à-venir.


A. Wamara
07/03/23