Je me ferai hara-kiri
si Boutef brigue un 5ème mandat...


par Achour Wamara
Septembre 2018
Vous ne me croyez pas ? Je vais de ce champ vous en faire la démonstration avec la preuve par 5 ... euh... par 9. De Harraga à Hara-kiri il n'y a qu'un pas. Pour les non initiés, Hara veut dire en japonais "ventre", et kiri "couper". On dit aussi seppuku (merci Wiki..... !).
Le samouraï se passe le ventre au fil du katana, jusqu'à la garde, au niveau du nombril, de gauche à droite. Pour quelle raison ? Très souvent pour échapper à la Hogra et sauver son honneur. Si l'intestin est, c'est acquis, le 2ème cerveau, le ventre est considéré par les Japonais comme le siège des sentiments, émotions, courage, etc. Se faire hara-kiri ne signifierait donc pas grand-chose en Algérie quand on sait que le ventre y est plutôt synonyme de miam-miam-moi-d’abord, ce que résume assez bien un vieux dicton kabyle qui m'a été transmis par des gens bien exercés au raclage des fonds de marmites (et à l’index seul !) : "win iččan ičča, wayeḍ taṛbut tekkes", traduit librement en "les premiers sont bien servis, quant aux derniers la table est déjà desservie".
Comment se présenterait alors le hara-kiri à l'algérienne, je vous le demande ? Si ce n’est pas le ventre, que couper bordel ?
Le foie serait un bon candidat puisqu'il est le siège de l'amour dans le langage des mères, mais il ne s'agit pas ici d'amour, mais plutôt du triomphe de la haine de soi.
Se couper les tripes conviendrait sûrement, on réagit bien avec ses tripes quand la colère rime avec choléra, mais c’est encore s’occire au rabais. Il faut plus que des abats.
Se couper le pif symbole du Nif ? On me confondra avec les traîtres des colonies amputés du nez pour usage du kif. Je ne veux pas donner ce plaisir aux new-révolutionnaires qui commercialisent les os de nos martyrs.
Me couper les oreilles pour couper le son au Raïs ? A quoi bon, il est muet à mourir.
Me castrer à ras le pubis pour sortir de la caste des phallos ventrus ? Je risquerais avec ma voix haram de castra d’être dilapidé par les obsédés islamo-batata.
Me couper les mains me priverait du majeur qui fait la nique aux diktats.
Me couper la langue ? Elle est mille fois charcutée par des envieux qui n’admettent pas qu’elle fasse concurrence à celle du Livre de la foi.
Couper les ponts ? Au sens figuré, ça serait un aveu d'abandon; au sens propre, les VRP d’Allah l'ont déjà expérimenté avec succès puisqu’ils sont devenus les grands pontes de l'Etat. Je refuse de plagier les plagieurs de l’Un qu’ils ont converti en zéro au carré.
Alors je reviens au ventre de l’urne. Après tout, l’urne est un ventre. Elle a une bouche par laquelle on introduit les pains-bulletins. Ils descendent dans l’urne comme des bols alimentaires dans l’estomac que des mains rompues au bourrage et rembourrage tripatouillent, décuplent à souhait, trient, tant et si bien que certains bulletins sont assimilés par la paroi de l’urne et disparaissent ni vu ni connu. Il ne reste de ces gestes citoyens que les estampillés maison-béni-oui-oui, ceux-là sortent par la voie rectale dont seuls les « entristes » connaissent l’endroit, ils l’ouvrent en catimini au moment opportun. Le peuple se contentera de cette dernière mixture parfumée au passage avant l’affichage. Convenez qu’il faut intervenir pour nous épargner cette puanteur. C’est mon hara-kiri promis : éventrer cette urne de malheur, pas avec un sabre, non, à mains nues, à coups de manchettes de karaté (je me suis entraîné sur l’affiche du moustachu). Tiens urne des insatiables ! Tiens urne des voleurs ! Tiens urne des cyniques ! Tiens urne des mafieux ! Tiens urne des magouilleurs ! Tiens urne des menteurs ! Tiens urne des hypocrites ! Tiens urne des assassins ! Tiens urne des asservis volontaires ! Tiens urne des ânes bâtés en mules ! Tiens urne des llahou amachahou !
Quand j’aurai fini de mettre en pièces cette urne de dupes, je ramasserai tous ses bouts, je les mettrai en tas, et j’en ferai un grand bûcher pour rentiers et prébendiers. Nos âmes mortifiées auront grandement besoin de ce feu salutaire. J’en recueillerai les cendres pour remplir l’urne funéraire que je disperserai sur le Club des pins, les champs de pétrole, de gaz, et de merdoze. Je sais qu’au lendemain des élections pipées et enfumées un hiver rude s’installera dans le jardin de nos cœurs humiliés. Pour combien de temps ? No lo sé.

さようなら

A.WAMARA, Septembre 2018