"Fêtes" l'Amour !

par A. Wamara


La fête de Noël serait une reprise d'une fête païenne d'avant Jésus-Christ que l'Église a officialisée en fête de la nativité (naissance de Jésus) au IVème siècle. Bon, je vois, ça n'intéresse personne. Je continue quand même .
Pour moi, toute fête est bonne à prendre, pourvu que ça boustifaille et qu'on boive jusqu'à être pompette. Et puis Noël vaut mieux qu'Halloween avec sa citrouille indigeste. Ajoutez que Jésus n'est pas n'importe qui. On a beau lui reprocher de tendre la deuxième joue après avoir reçu une claque sur la première, il demeure tout de même un rebelle. Certes, il n'est pas un Ché, mais n'a-t-il pas fait un esclandre au Temple ? Les chefs des prètres n'étaient par ailleurs pas étrangers à sa livraison à Pilate (Évangile de Marc, 15-1).
Il demeure que Jésus évoque pour nous surtout de l'amour en ces temps de guerre et de rapine. Pas l'amour naïf ou mielleux, genre "aimez-vous les uns les autres". Cet amour-là, le capital l'a déjà récupéré pour le vendre en petits paquets, à l'image de cette annonce que j'ai vue sur un placard publicitaire : "ici, nous aimons pour vous", voilà les marchands du bonheur qui vous débarrassent de la "charge" d'amour, ils le font à votre place contre un fût de votre sueur.
L'amour biblique du "aime ton prochain comme toi-même" est sur ce sujet plus à même de nous éclairer. On peut en faire une double lecture. La première nous recommanderait d'aimer son prochain à la mesure de l'amour qu'on a pour soi-même, ce qui voudrait dire que si on a une mauvaise estime de soi, qu'on ne s'aime pas, à fortiori on n'aimerait pas son prochain, puisqu'on l'aimerait comme on s'aimerait, autrement dit, on le détesterait comme on se détesterait. Cette lecture n'est pas acceptable, car on voit mal comment un verset biblique alignerait l'amour de son prochain sur l'amour de soi-même, cela n'est pas fidèle au message christique ("Dieu est Amour"). La deuxième lecture, plus juste à notre sens, part du présupposé que tout un chacun, en tant que créature de Dieu, doit s'aimer, sauf cas rares de pathologie grave. Dès lors, aimer son prochain comme soi-même revient à dire que l'amour du prochain est aussi amour de soi-même. C'est donc par amour du prochain qu'on doit s'aimer. Mais "s'aimer" ne prêche pas ici un quelconque narcissisme, il n'incite pas à faire les trois-huit devant son miroir, il appelle à chérir sa propre dignité, son intégrité, son humanité, sa liberté, à s'opposer à toute puissance, du macho domestique au tyran pervers, qui tenterait de les réduire ou les entraver. La condition nécessaire pour que l'amour de notre prochain soit à l'égal du nôtre serait donc d'aimer la liberté et la dignité de ce prochain, et les défendre comme on le ferait pour les siennes. C'est là que se rejoignent l'amour et l'insoumission.
Qu'attend-on pour les marier et leur souhaiter une vie éternelle, ainsi qu'une abondante progéniture qui fera triompher la liberté, la dignité, l'amour et l'insoumission ? (C'est beau, hein ?).
Bonnes fêtes et meilleurs vœux .


A. Wamara
24/12/22