L'étreinte de l'accueillance
Scultpures de Marie Mathias


Figures de l'homme dépouillé jusqu'à l'âme pour lui soutirer sa part et son dû universels,
silhouettes incorruptibles fuyant le confort de la ressemblance,
telles sont, entre autres, les ombres étrangement humaines
que Marie Mathias tente de capter avec le doigté d'une joueuse de lyre.
C'est comme si elle enveloppait de chair les frêles statues de Giacometti,
sans toutefois leur enlever ce frisson de vie qui fait naître de l'abîme un possible horizon,
un rayon qui jure contre le silence et le sommeil.
Bronze, silicone, terre chamotée, la mère-matière habite de tout son souffle ces créatures humaines. Trop humaines.
Duels ou accouplements féconds ? On ne saurait y répondre tant le fondu des sculptures interdit au regard la stérile fixité.
Voilà un labyrinthe d'identités s'éclairant à la torche métisse.
Caressez-en les lézardes pour peu que vous laissiez en échange une main pour l'accueillance. Un errant viendra la serrer.
Est-ce là l'attente d'un retour d'une humanité (é)perdue ?
Est-ce une promesse pour l'enfance sans feu ?
Ces scultpures, cicatrices nues du monde, sans cesse (s')interrogent.
Nous accusent-elles ou c'est le pardon maternel qu'expriment leurs visages sereins ?
Ne leur tournez surtout pas le dos,
vous manqueriez l'étreinte de l'accueillance.

Achour Ouamara
in Revue Ecarts d'Identité, n°106, juin 2005.