L'espace de vie, la sociabilité de voisinage, l'articulation entre intégration et espace local, constituent les thèmes majeurs de cet ouvrage collectif.
C'est "dans le contexte de durcissement de la division sociale de l'espace que s'inscrivent les trajectoires des familles immigrées à la recherche d'une ascension résidentielle". Il n'y a pas stricto senso de guetto monoethnique, puisque les secteurs de concentration d'immigrés présentent une variété migratoire. Combien même est décriée cette concentration, elle s'avère, paradoxalement, pour les nouveaux arrivants, un espace de vie communautaire, d'interconnaissance, qui permet d'atténuer la rupture d'avec la culture d'origine et, ce faisant, facilite une adaptation progressive à la société d'accueil.
Les politiques d'attribution de logements sont aussi abordées à la lumière du débat sur la formation des concentrations ethniques. D'où la tendance des politiques publiques à constituer une sorte de damier social et ethnique (injonction de la mixité sociale et ethnique) en répartissant les immigrés dans des espaces indifférenciés. Cependant, ces politiques d'attribution de logements, si elles permettent de casser une tendance à la guettoïsation, elle destructure en même temps les réseaux de relations tissés dans les quartiers défavorisés.
Et c'est un dilemme : développer une politique spécifique à l'immigration (gestion ethnique du peuplement par le filtrage dans l'accès à un certain type de logement) qui traduit une vision et une division ethnique du monde social, ou se résoudre à ne considérer que le critère de la condition sociale des demandeurs de logements, ce qui gomme la double discrimination des immigrés ?

Achour Ouamara
in Revue Ecarts d'Identité, n°93, déc. 97.