Cet ouvrage collectif interroge les différents degrés de la citoyenneté
au-delà de la confusion qui consiste à la lier à la nationalité.
Une bonne partie est consacrée aux expériences de participation des étrangers
aux conseils municipaux à titre consultatif, notamment dans sept villes de France
(Mons-en-Baroeul, Amiens, Longjumeau, les Ulis, Vandoeuvre-lès-Nancy, Cerizay,
Portes-lès-Valence).
Les avis divergent quant à l'efficacité de cette démarche qui,
pour certains n'est nullement efficace (artifice pour se donner bonne conscience)
d'autant que les étrangers élus par leurs communautés ne participent pas
au vote aux conseils municipaux ni ne paraissent dans les procès-verbaux.
Pour d'autres, c'est un apprentissage de la citoyenneté.
Cette participation a démontré, en particulier à Mons-en-Baroeul,
une relative accalmie entre les communautés étrangère et autochtone.
Il reste que le travail des élus français d'origine étrangère qui se sont portés sur
les listes des partis politiques traditionnels n'a pas été concluant pour être
très souvent ignorés par les populations étrangères.
Une analyse comparative du droit de vote octroyé localement aux immigrés
dans les pays nordiques (Pays-bas, Suède, Danemark, Norvège, Finlande, Irlande)
laisse apparaître que les peurs d'un vote ethnique n'est pas fondée.
Mais la xénophobie n'a pas pour autant diminué.
Il en ressort que le droit de vote ou la participation à titre consultatif
aux conseils municipaux n'est pas suffisante pour définir la citoyenneté.
C'est lorsque celle-ci s'exerce dans le champ social qu'elle contribue à estomper
la frontière entre nationaux et étrangers.
Sur ce point, beaucoup reste à faire en France.
Achour Ouamara
in Revue Ecarts d'Identité, n°77, juin 96.