Résonances
juin 1993, n°7.
Achour Ouamara décortique les discours comme des pinces de crabe, avec la précision du linguiste. Mais qu'on ne s'y trompe pas ! Derrière le néologisme du titre, il s'agit de traverser la surface du discours pour trouver ce qu'il y a au-delà. Sans céder à l'intellectualisme ou aux approximations, Achour Ouamara rompt avec une certaine littérature sur l'immigré. Le discours désimigré, c'est aussi le sien ! Beaucoup de choses sont tenues pour acquises sur l'immigré. Tout le monde s'autorise à parler de lui, à l'analyser comme une "nouvelle espèce d'homme". D'où vient-il ? Où habite-t-il ? Comment vit-il ? Que pense-t-il ? Que ressent-il ? Comment parle-t-il ? Comment copule-t-il ? À partir de l'analyse d'un corpus de discours sur l'immigration, Achour Ouamara joue les concasseurs de stéréotypes, les aiguilleurs de phrases, les lamineurs d'énoncés pour essayer d'y voir plus clair dans les discours de tous poils. Mais attention, le discours désimigré est un livre dissident écrit au scalpel. L'humour y est porté à son point de surchauffe. Il y a toute la force vive du pamphlet dans cet ouvrage qui a la sage apparence de l'essai, toute l'énergie de l'urgence à "déplacer le discours déplacé". •